CRISE SANITAIRE: UN DEFI POUR LA FINANCE ETHIQUE

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Marie-Christine Vergiat – Député européenne de 2009 à 2019

Depuis plusieurs mois, nous vivons à l’heure de la COVID19 et de la crise sanitaire que cette maladie a déclenché sur l’ensemble de la planète.

L’économie mondiale a été quasi paralysée pendant plusieurs mois révélant la dépendance des pays dits développés vis-à-vis de la production de biens y compris essentiels comme on l’a vu avec l’épisode des masques. Nombre d’entreprises, petites et grandes, n’ont dû leur survie qu’à l’aide déployée par les autorités publiques.

Impossible de ne pas faire le parallèle avec 2018 et de ne pas se demander si cette fois-ci, ceux qui nous gouvernent, et bien d’autres, sauront tirer les leçons de ce qui se passe.
Souvenons-nous! En 2018, les Etats ont débloqué tant d’argent pour sauver les banques que nous furent sans doute nombreux à considérer qu’il était temps de mettre un frein au gigantisme des organismes financiers pour les faire revenir dans l’économie réelle. Qu’en a-t-il été réellement ? Certes, la réglementation a été légèrement renforcée et quelques contrôles renforcés mais pour l’essentiel tout a recommencé comme avant. Pire, les géants ont même continué de croître encouragés par les pouvoirs publics.

A l’heure qu’il est, il est trop tôt pour faire le bilan des conséquences économiques (et sociales) de la crise sanitaire d’abord et avant tout parce que nous ne sommes visiblement pas au bout du tunnel. Néanmoins, on peut commencer à poser quelques jalons.

Les crises precedents

Dans certains domaines, quelques éléments peuvent être mis en avant. Ainsi, il ne fait aucun doute que la crise sanitaire a donné un coup d’accélérateur par exemple à la révolution numérique pour le meilleur et pour le pire. Le télétravail en est une parfaite illustration. Il y a celles et ceux qui peuvent s’adapter et pour qui c’est une chance, celles et ceux pour qui c’est une contrainte supplémentaire et celles et ceux qui ne peuvent pas le faire en raison de leur formation, de l’insuffisance de leurs capacités d’adaptation ou tout simplement parce que leur métier ne s’y prête pas.

Mais va-t-on vers une profonde mutation de la société, rien n’est moins sûr surtout si l’on voit la capacité des plus riches du monde à reconstituer leur fortune, voire à en dépasser le montant d’avant crise, là encore comme en 2018.

Les citoyens sont de plus en plus conscients de l’accroissement ravageur des inégalités économiques et sociales comme des enjeux climatiques et environnementaux. Leur exigence de responsabilité sociale et environnementale est de plus en plus criante et il n’est pas sûr qu’ils se contenteront de nouveaux produits bien enveloppés et labellisés type green ou social-washing. Ce sont de vraies alternatives dont nos concitoyens ont soif. Et c’est là sans doute que la finance éthique doit pouvoir tirer son épingle du jeu.

Le role de la finance éthique

La finance éthique, comme l’ensemble des acteurs de l’économie sociale et solidaire, doit être au cœur des transformations à venir. Elle doit montrer l’exemple, faire preuve d’innovation pour accompagner de nouvelles formes de développement économique et sociale et technologique.

Le « faire société autrement » n’est plus l’apanage de quelques doux utopistes, les acteurs qui y consacrent toute leur énergie sont de plus en plus nombreux. Mais il faut encore changer d’échelle. La finance éthique doit être à leurs côtés, en première ligne.

Des potentialités existent notamment à la Commission européenne avec pour la première fois, un commissaire européen, Nicolas Schmit, qui soutient fermement l’économie sociale et préconise un meilleur partenariat avec ses acteurs financiers tels que les banques et les financiers coopératifs et éthiques. Même chose du côté de l’ONU avec le groupe de travail (l’UNTFSSE) présidé par le directeur du département des entreprises de l’OIT qui considère que l’ESS a un rôle de moteur à jouer pour relever les défis du monde de demain.

Donc les défis sont nombreux, de nouvelles perspectives sont ouvertes. La finance éthique doit savoir profiter de cette opportunité pour enclencher l’accélérateur.

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